Des lieux dédiés aux livres et à la bibliophilie

Des lieux dédiés aux livres et à la bibliophilie

Des lieux en France et en Suisse

Outre le Manoir des livres, il existe en France et en Suisse des lieux ayant une vocation de conservation et valorisation de livres précieux ou rares. Ils peuvent avoir la forme de musées, fondations ou de bibliothèques patrimoniales.

 
 

Le Scriptorial d’Avranches

Ce lieu est un exemple intéressant de bibliothèque patrimoniale autour du livre ancien, à la fois centre de ressources et espace de visite pour le grand public.
Dépositaire des Manuscrits du Mont-Saint-Michel depuis la Révolution française, la bibliothèque conserve plus de 3000 volumes dont 200 manuscrits du Moyen Âge et fragments de manuscrits du VIIIème siècle.
La bibliothèque patrimoniale rassemble aujourd’hui 13500 livres anciens (XVIème -XIXème siècles).
Le Fonds est accessible sur rendez-vous aux chercheurs.
Des expositions temporaires autour des Livres : la sorcellerie en Normandie, l’écriture égyptienne… et des ateliers d’écriture, de calligraphie et de l’enluminure sont aussi proposés.

Affiche de présentation du scriptorial d'Avranches

Le musée Médard de Lunel

Ouvert au public depuis décembre 2013, le musée Médard de Lunel est un lieu dédié à l’histoire de ses collections, au livre, ainsi qu’aux arts et métiers liés au patrimoine écrit.

L’exceptionnel cabinet du bibliophile Louis Médard, placé au centre du musée, permet de découvrir une authentique bibliothèque du XIXe siècle conservée dans son intégralité.

Dans le parcours de visite, les différentes collections du musée dévoilent les témoins patrimoniaux de l’art de la reliure, de la gravure, de la calligraphie et de l’enluminure :

  • 5000 ouvrages datés du XIIe au XIXe siècle (manuscrits et imprimés)
  • des reliures précieuses réalisées par les grands artisans parisiens et montpelliérains du XIXe siècle
  • une collection de fers à dorer pour la reliure
  • des estampes et des albums d’images
  • des objets et des outils illustrant les techniques du livre et de l’impression.

À part la présentation de livres et d’ouvrages anciens, qui ne peuvent pas rester exposés sur une trop longue durée, le musée Médard fait vivre, à travers plusieurs dispositifs pédagogiques, l’univers du patrimoine écrit.

Musée Médard de Lunel

La fondation Michalski à Montricher en Suisse

La Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature a été créée en 2004 à Montricher, au pied du Jura suisse, par Vera Michalski-Hoffmann en mémoire de son époux, afin de perpétuer leur engagement commun envers les acteurs de l’écrit.

La mission de la Fondation Jan Michalski est ainsi de favoriser la création littéraire et d’encourager la pratique de la lecture à travers diverses actions et activités, parmi lesquelles l’organisation d’expositions et d’événements culturels en lien avec l’écriture et la littérature, la mise à disposition du public d’une grande bibliothèque multilingue, l’attribution d’un prix annuel de littérature mondiale, l’octroi de soutiens financiers et l’accueil d’écrivains en résidence.

Pensée comme une petite cité, la Fondation Jan Michalski a ouvert ses premiers espaces en 2013 et offre un lieu de rencontres, où se mêlent écrivains, artistes et public.

1.3.3 La fondation Michalski à Montricher, en Suisse

L’inguimbertine de Carpentras

La spécificité de l’Inguimbertine, bibliothèque-musée, réside dans l’imbrication des fonds écrits et des collections muséales. Leur corrélation et leur importance fondent la richesse de ce lieu. La muséographie choisie pour les espaces dédiés à la lecture publique procède de la médiation : elle vise à révéler au public le particularisme de cette institution.


Le musée de l’imprimerie de Lyon

Le Musée de l’imprimerie de Lyon est remarquable par le souci didactique qui inspira ses fondateurs et par l’ensemble de ses précieuses collections : une importante collection des premiers livres français, livres de toutes les époques, estampes représentatives de tous les procédés du XVème au XXème siècle, caractères d’imprimerie, presses à imprimer, bois et cuivres gravés et équipements divers.

Des lieux dédiés aux livres d’artiste et/ou mettant à l’honneur l’Oeuvre de Michel Butor

Des lieux dédiés aux livres d’artiste et/ou mettant à l’honneur l’Oeuvre de Michel Butor

Des établissements nombreux mais aucun n’est exclusivement dédié à ce type d’ouvrages

Sur le plan national, la Bibliothèque Nationale de France (BNF) la Bibliothèque Kandinsky et la bibliothèque Jacques Doucet sont des lieux de conservation importants de livres d’artiste.

Cependant, de nombreuses bibliothèques de France possèdent ce type de collections, comme les médiathèques de Chambéry ou de Rouen.

 

La Bibliothèque Nationale de France
La Bibliothèque Nationale de France

Le Centre des livres d’artistes (cdla) près de Limoges

Le Centre du livre d’artiste (Cdla) est le seul lieu en France entièrement dédié aux livres d’artiste.
Le Centre des livres d’artistes (cdla) est basé depuis 1994 à Saint-Yrieix-la-Perche, à 40 kilomètres au sud-ouest de Limoges. C’est un lieu de conservation et un lieu d’exposition présentant exclusivement et en permanence des publications et éditions de ce genre. Il possède plus de 3200 ouvrages. Les collections se sont développées autour de deux thématiques principales: l’enfance et le paysage.

 

Le Centre du livre d’artiste contemporain de Verderonne (CLAC)

Il se situe à 60 km de Paris et sa collection d’environ 1000 objets se compose exclusivement de pièces uniques. A l’origine de la collection, Caroline Corre, et aujourd’hui une association.

Le Manoir du XVIIème siècle accueille des expositions temporaires, des résidences d’artistes, des concerts et des stages.

 

La fondation Bodmer à Genève

Fondateur de la Bibliotheca Bodmeriana, Martin Bodmer (Zurich, 1899 – Genève, 1971) était un grand bibliophile et collectionneur suisse. A l’origine du Prix Gottfried Keller, un prestigieux Prix littéraire, et de la revue Corona, membre fondateur de l’Association internationale des bibliophiles, il réunit au fil des décennies une des plus importantes collections privées de papyri, manuscrits, incunables et livres anciens au monde, aujourd’hui conservée et présentée au sein de la Fondation Martin Bodmer et de son musée.

Trois semaines avant sa mort, il légua près de 150 000 documents issus de près de 80 cultures différentes, reflétant trois mille ans de civilisation humaine sur Terre. Le mondialement célèbre bibliophile Hans Peter Kraus avait surnommé Martin Bodmer « le collectionneur par excellence » et « le roi des bibliophiles ».

La Fondation Bodmer possède une centaine de livres d’artiste de Michel Butor offerts par l’écrivain et présentés lors d’une exposition en 2013. Leur collection a également donné lieu à la publication d’un catalogue.

Le fonds des Bibliothèques de Nice

Michel Butor, qui a longtemps vécu à Nice, a fait don à la Ville d’une partie importante de sa bibliothèque. 

Le fonds Butor des bibliothèques de Nice rassemble tous les ouvrages écrits par l’écrivain et 30 000 feuilles de brouillon.

Si c’est à la bibliothèque municipale de Nice que Michel Butor a donné ses manuscrits et livres d’artiste, la BU Lettres Arts Sciences Humaines de l’Université de Nice a été le théâtre de la création du Centre d’Etudes de la Métaphore, avec Michel Launay et Henri Maccheroni. Dans un même mouvement, Michel Butor a fait don à la bibliothèque d’un ensemble unique autour de son ami Georges Perros : œuvres d’hommage après la mort de celui-ci en 1978, les manuscrits de Georges Perros en sa possession, les lettres reçues de celui-ci. Le fonds Michel Butor comprend aussi une série de lettres de Michel Butor à sa mère.

Vous pouvez contacter la bibliothèque pour une recherche ponctuelle.

Michel Butor et Pierre Leloup,Les regards du bois, 2000
Michel Butor et Pierre Leloup, Les regards du bois, 2000
Agnès, Cécile, Irène et Mathilde. Les 4 filles de Michel Butor, au sujet de la création d’une maison d’écrivain

Agnès, Cécile, Irène et Mathilde. Les 4 filles de Michel Butor, au sujet de la création d’une maison d’écrivain

Quatre questions aux filles de l'écrivain

En juin 2018, les filles de Michel Butor répondaient aux questions d’Annemasse Agglo au sujet de la transformation de la dernière demeure de leur père en maison d’écrivain.

 

La Maison de Michel Butor

Que représentait cette maison pour votre père, et quelles images, souvenirs, vous viennent à l’esprit à l’évocation de cette maison ?

Cette maison était, pour mes parents, un lieu de vie et de travail, un endroit pour conserver tous leurs trésors, accumulés au fil des voyages ou des travaux réalisés avec les artistes. Et aussi une maison de famille pour recevoir enfants et petits-enfants. Des souvenirs de fêtes de famille, de rencontres aussi avec les artistes que côtoyait mon père, l’atmosphère du bureau.

C'était son refuge. Loin des querelles citadines. A l'écart. Ils avaient aménagé la grange avec ma mère, elle avait son atelier en bas et lui son bureau en haut. Chacun avait son espace, identique à celui de l'autre, mais différents à la fois, chaque espace adapté à chacun.

Cette maison était, pour mes parents, la maison dans laquelle ils passeraient la fin de leur vie. Avant, nous vivions à Nice et nous pensions, mes sœurs et moi, que la maison que nous avions alors était notre « maison pour toujours ». Le départ de Nice a donc été difficile, bien que nous sachions que nos parents étaient bien mieux à Lucinges. Ils s’étaient rencontrés, jeunes, à Genève. Donc c’était comme une évidence de revenir dans le coin, où ils ont retrouvé leurs attaches, leurs amis de jeunesse. Par la suite, ils ont su s’aménager des pièces « à eux » : le bureau pour mon père, l’atelier de couture pour ma mère. Pour mes enfants, cette maison est la maison de leurs grands-parents, avec qui ils ont passé du temps étant petits. Et puis quelle vue depuis le jardin !

Cette maison était pour mon père à la fois un lieu de travail et un refuge pour se reposer entre les voyages. Il aimait la tranquillité qu'il y trouvait. C'était aussi notre maison de famille, où mes parents nous recevaient souvent, où nous passions Noël, où avec mon mari et mes enfants nous venions chaque été. Je revois mon père lisant sur le fauteuil de son bureau, travaillant derrière son ordinateur, ou de retour de sa promenade matinale. Je le vois aussi cueillant les dernières roses d'automne pour les mettre dans un vase sur la grande table du salon, ou riant à gorge déployée d'une histoire qu'il nous racontait.

Qu’attendez-vous de ce projet de "maison d’écrivain" ?

Ce projet de maison d’écrivain permet de garder le souvenir de son bureau, où a pu se déployer tout son univers de travail au quotidien, (comme il n’avait pas eu l’occasion de le faire avant avec autant d’ampleur, par manque de place). Il permet aussi de garder dans son état et de rendre accessible cette belle maison qui a toute sa place dans le village et qui pourra en acquérir une encore plus importante avec le développement du projet. Je serai très heureuse de pouvoir revenir dans cet endroit et de le voir tel qu’il était et en même temps vivant. Mes parents auraient été comblés de savoir que leur maison devenait une résidence d’artistes, qui plus est pour réaliser des livres d’artistes ou des coopérations entre musiciens et écrivains. Peut-être la première résidence d’artistes de ce type en France. Et mon père aurait été émerveillé de savoir que sa bibliothèque était conservée sur place, en l’état et accessible à la consultation.

Je ne sais pas.

Je tiens à ce que l’esprit des lieux soit conservé. Je trouve que l’ouverture de ces lieux est tout d’abord formidable pour les chercheurs, tant pour la bibliothèque de mon père que pour l’environnement qu’il y a autour (la maison, les œuvres, etc.). Mon père a conservé les livres d’art qu’il a utilisé pour lui-même créer. Les chercheurs pourront donc comprendre comment sont nés les processus de création. En tant que scientifique moi-même, j’ai eu l’occasion de participer à des résidences d’artistes : c’est tellement plus simple de travailler quand on est à l’intérieur d’un tel lieu ! Et puis rendre ces lieux accessibles pour le grand public est aussi pour moi l’occasion d’aller contre l’image d’ « écrivain intellectuel inaccessible » dont il avait l’image, alors qu’il était comme tout le monde !

J'espère que ce projet permettra de conserver une trace du travail de mon père, en particulier dans sa relation aux artistes. C'est le moyen de préserver un peu de l'atmosphère qu'il avait créée, ce mélange d’œuvres d'art, de livres, d'objets des quatre coins du monde, et de curiosités anciennes que lui avait léguées sa famille. Cela a permis également que sa bibliothèque de travail ne soit pas dispersée, comme si un peu de lui restait. Cette maison d'écrivain est aussi pour moi un beau moyen d'offrir à des artistes un lieu de création, de rencontre et de complicité artistique, et de prolonger ainsi envers eux l'hospitalité qui était si importante pour mes parents.

Comment imaginez-vous le lieu dans 5 ans ?

Il y la possibilité d’un très intéressant développement pour Lucinges entre les 3 lieux et ce qui pourra se greffer autour. Les séjours et les expositions liés aux résidences d’artistes et à l’activité du Manoir et de la bibliothèque amèneront du monde. J’imagine la maison d’écrivain comme un lieu ouvert au public pour profiter du jardin et des expositions, ateliers, concerts, spectacles.

Je suis dans l'expectative. J'aimerais ce lieu vivant et en continuation de l'œuvre de mon père. On va voir !

J’imagine un lieu visité régulièrement par tous les publics, habité par des chercheurs et des artistes. Je vois dans la grande pièce un atelier ou un lieu d’exposition. Bref, un lieu polyvalent très vivant, où l’on peut faire plein de choses différentes.

Je souhaite de tout cœur que les résidences d'artiste soient un succès et permettent la réalisation de livres splendides. J'imagine dans cinq ans un lieu actif, associé peut-être à une fête/marché du livre d'artiste biannuelle, organisant des parcours-expositions en relation avec la fondation Bodmer par exemple, accueillant des concerts, ou des lectures.

Si vous deviez décrire votre père en 3 mots ?

Un savoir encyclopédique, une curiosité très ouverte et donc bénéfique pour l’épanouissement de la culture, un travailleur et un voyageur infatigable, toujours prêt pour de nouveaux projets, de nouvelles rencontres, de nouveaux voyages et fidèle à ses amis artistes. Le plaisir aussi de faire avec ses mains (les cartes postales, les cadeaux pour ma mère) d’écrire à la main.

Un poète, un vieux sage et un grand-père qui arpentait les sentiers accompagné de ses chiens.

Voyageur, érudit et inventeur. Voyageur tant dans le monde que dans l’esprit ; Erudit parce qu’il avait une connaissance encyclopédique et une mémoire incroyable ; Inventeur parce qu’il a inventé des choses qui n’existaient pas, notamment dans la littérateur du XXe siècle (quand il a écrit « Boomerang » ou « Mobile », il a fait quelque chose qui n’avait jusqu’ici jamais existé) ainsi que dans le domaine des livres d’artiste (en béton, en bois, etc.).

Le début du poème de Baudelaire "Le voyage" me vient à l'esprit : "Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit. Ah! que le monde est grand à la clarté des lampes! Aux yeux du souvenir que le monde est petit!" Donc un des mots serait "Voyageur", un autre sûrement "Bon vivant", aimant rire, et puis "Passionné", vibrant de cet amour de l'art (littérature, mais aussi peinture, mais aussi musique) et des artistes, contemplant aussi bien la beauté de la nature, que celle des objets les plus simples.

Le fou rire de Michel Lucinges, 2004, photo de Marc Benita